Visite d’Atelier : Pippa Dyrlaga
depuis le Yorkshire
Et si on commençait par les présentations
Parlez nous de vous, Pippa.
J’habite au Yorkshire, en Angleterre.
J’utilise des simples feuilles de papier que je transforme en oeuvres d’art contemporain avec des techniques simples de découpe de papier. Mon travail exprime mon environnement, donc principalement la nature et des objets de mon quotidien.
Mes premières amours avec le papier remontent à 2009/2010 quand je faisais mes études. Je suis tombée raide dingue de ce support et je n’ai jamais arrêté de le travailler depuis.
Voici Pippa
Salut !
« Mon monde idéal : calme et très coloré. «
La commande de mes rêves (qui viendra un jour j'espère)
« J »adorerais faire une immense tapisserie remplie d’une nature débordante et extraordinaire. »
UN MONDE EN DEHORD DU MONDE
Mais alors, quelle est votre profession exactement ?
Quand je parle de ma profession, je dis simplement que je suis « artiste ». La plupart du temps je précise que je suis « artiste de papier », et également « imprimeur ».
Quand j’y pense, je me dis qu’en fait j’ai toujours considéré mon travail comme un peu en dehors de ce monde. Toutes les pièces que je produis existent dans leur propre monde, un peu en dehors du temps. J’essaye à travers mon travail d’exprimer cette sensation, d’intangibilité.
MON BUREAU C'EST CHEZ MOI (et vice-versa)
C'est où chez vous ?
J’ai déménagé à Hebden en 2014, après avoir vécu longtemps à Leeds.
Je suis originaire de Mirfield (la ville de Patrick Stewart !). Ce n’est pas loin de Hebden, donc j’avais déjà une bonne idée de ce que serait la vie ici. J’en avais marre de la ville et de tous ces petits soucis du quotidien. Je suis naturellement revenue à un endroit où je me sens bien et où vit une communauté de créatifs avec qui je partage beaucoup. J’adore être ici !
J’ai la chance immense de pouvoir travailler de chez moi, assise devant la baie vitrée qui s’ouvre sur la vallée. Mon chien me tient compagnie à mes pieds. Je ne connais rien de mieux !
Mon secret : je me lève tôt
Mes journées ne sont pas toujours identiques. La plupart du temps je vais quand même passer la majorité de mon temps dans mon studio à travailler. Quand je suis concentrée sur une création, toute mon énergie y passe. Je me force à faire des pauses et à avancer sur des petites choses périphériques comme gérer les factures ou répondre aux mails.
Je me lève tôt. En général à 8h je suis déjà attablée à travailler. Il m’arrive souvent de ne relever vraiment la tête que vers 22h (évidemment avec quelques pauses entre temps). J’aime tellement ce que je fais, qu’en réalité je ne considère même pas ça comme du travail, mais du pur plaisir.
RIDEAUX DE PAPIER [Commission], Pippa Dyrlaga.
LE PAPIER COMME MATIERE D'ART
Parlez-nous de votre rapport au papier
Au départ, pour moi le papier n’était qu’un vulgaire support pour mes créations, facile à trouver et pas trop cher. Puis dans le cadre de mes études, j’ai réalisé à quel point le papier était une matière malléable et avec de nombreuses variations. Maintenant, j’adore le papier. Je suis une vraie fana ! J’apprécie vraiment à quel point c’est un support qui peut être riche et varié. Le papier me permet vraiment d’expérimenter à l’infini.
J’ai commencé plus récemment à m’intéresser à des papiers durables et recyclés, comme peut l’être le washi japonais par exemple. C’est un papier qui est à la fois léger comme une plume et ultra résistant. J’adore le manipuler ce papier. C’est à la fois une commodité ou un support d’art ultime, tout dépend comment vous le considérez. Arrêtez-moi, sinon je pourrais en parler des heures durant !
ON JOUE
Si je vous dis ``papier``, vous pensez à quoi tout de suite ?
Je vois des tas de créations inachevées sur mon bureau, à côté du papier vierge qui attend, et de l’autre des notes, des tas de livres. Un endroit rempli de papier en fait !
COEUR DE PRINTEMPS, Pippa Dyrlaga.
DEPUIS VOTRE FENETRE
On y voit quoi, on entend quoi, ça sent quoi ?
La fenêtre se trouve sur la gauche de mon bureau, d’où j’ai une vue imprenable sur la vallée verdoyante. Il y a énormément d’arbres, donc on entend toujours les oiseaux qui babillent, qui zinzinulent, qui gazouillent. On entend de très loin les bruits de la ville. Je mets toujours une musique dans le fond, quelque chose de calme.
Bon, et il y a aussi les ronflements de mon chien, qui dort quelque part à mes pieds.
Mon odeur préférée est celle de l’hiver, quand les cheminées fument alentour et imprègnent l’air de ce fumé délicieux. J’aimerais tellement pouvoir laisser la fenêtre ouverte en plein hiver, juste pour ça.
MON BUREAU, Pippa Dyrlaga.
CE QUI COMPTE POUR VOUS
Parlez-nous d'une commande qui a vraiment compté pour vous
On ne peut pas dire que ce soit vraiment une « commande ». J’ai travaillé l’année dernière avec une galerie locale sur un projet de récolte de fond pour les victimes de l’attaque terroriste de Manchester. J’ai soumis des impressions originales qui ont été vendues. L’argent collecté a permis de financer des actions de soutien auprès des familles victimes des attentats.
C’était il y a un an exactement. Ca me fait chaud au coeur de me dire que même si c’était peu de choses, à mon échelle j’ai contribué à cette action caritative.
ETAPE PAR ETAPE
Présentez nous vos secrets de création
Etape #1
J’ai commencé par choisir le papier cadeau d’Impression Originale qui m’inspirait le plus. J’ai choisi « Sur l’aile des oiseaux » pour cette collaboration. Ensuite je me suis mise à faire des recherches sur les inspirations de Ayako Furness qui s’est inspirée du travail d’Eugène Séguy.
Etape #2
Ensuite, je choisis le papier avec lequel je vais travailler. Pour cette création, j’ai naturellement sélectionné mon petit favori : un washi japonais de 36 gsm. Ce papier est ultra résistant tout en étant suffisamment fin pour le découpage de détail.
La création est très symétrique, avec deux oiseaux se touchant le bout du bec en plein vol. Pour m’assurer de la composition, j’ai commencé par dessiner au crayon les contours. J’ajoute les détails par la suite, directement avec mon cutteur.
Etape #3
Une fois que la structure générale est validée, je me lance dans les détails. Là j’ai commencé par les ailes. Chacune des ailes est unique et cela prend un travail certain à ce niveau de détail.
Etape #4
Après avoir fini les ailes, je me suis lancée sur les queues. J’ai rajouté des petits détails de découpe ici et là, en restant en cohérence avec le dessin d’origine. Il ne faut pas perdre sa concentration, car parfois les détails sont épais d’un millimètre. Mon outil secret c’est de toujours travailler avec une lame extrêmement affutée. Je change très souvent de lame, et je les aiguise en permanence.
Etape #5
Une fois que la dentelle de la création est terminée, il est temps de venir découper le contour pour le désolidarisé de la base papier. En l’occurence, le travail des oiseaux était très délicat car le seule point de connexion est l’endroit où se touche les becs. Une fois désolidarisée, la création doit être manipulée très délicatement.
LA PERFECTION DU CERCLE
Si les formes et les courbes étaient des émotions, que seriez-vous ?
Un cercle. Pour moi les émotions sont mouvantes. Elles viennent et repartent de façon cyclique. Vous ne pouvez pas maintenir une émotion, mais vous pourrez la ressentir à nouveau. Les sentiments et les émotions sont faits pour onduler.
Un petit secret pour finir...
J’ai 34 ans et je n’ai toujours pas osé passer mon permis de conduire. Je suis trop paniquée.
SUR L’AILE DES OISEAUX [Collaboration IMPRESSION ORIGINALE x Pippa Dyrlaga].